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Bruce Brookshire
Doc Holliday
Interview par Luc Brunot.
Traduction par Dominique Turgot et Luc Brunot.
Publié dans Bands Of Dixie n°82 (septembre - octobre 2011)
Bands Of Dixie n°82
Et voilà qu'un groupe légendaire du rock sudiste tire sa révérence après trente ans de carrière ! Alors que bien d'autres formations percluses de rhumatismes ne veulent pas ou ne savent pas se retirer, voici que Doc Holliday nous surprend en décidant de tirer le rideau. Mais, outre le fait d'être talentueux, nous savions bien déjà que Bruce Brookshire est dans ce milieu quelqu'un d'original. Alors Bruce, alors Doc, merci pour vos idées, votre gentillesse, votre disponibilité et toute cette merveilleuse musique que vous nous avez offerte... Doc Holliday won't Ride Again!
Bonjour Bruce,
Comme le temps passe, la dernière fois que nous avions eu le plaisir de discuter, c'était il y a bientôt huit ans à Verviers au Spirit Of 66. C'était aussi l'occasion pour moi de voir pour la première fois Doc Holliday sur scène (vraiment un superbe concert). Et la dernière fois pour moi, ça aura probablement été à Lyon en juin dernier. En effet, c'était votre tournée d'adieu européenne. Comment s'est-elle passée ?
Sur scène, on s'est plus éclaté que lors de bien d'autres tournées qu'on avait faites auparavant. Chacun dans le groupe a aimé chacun des concerts et on a pris du bon temps à jouer ensemble.
Vous êtes plusieurs fois venus en Europe. Avez-vous eu l'occasion dans votre carrière de jouer dans d'autres endroits du monde comme le Japon ?
Non, c'est triste à dire mais on n'est jamais allé au Japon. On a joué dans beaucoup de pays européens et d'États des États-Unis.
C'était votre tournée d'adieu européenne mais allez-vous continuer à jouer aux États-Unis ?
Non. Le groupe va faire un concert final à Macon dans les mois qui viennent. Trente ans, c'est assez pour n'importe quel groupe de rock. À mon avis, c'est un boulot pour des gars plus jeunes.
Il y a pourtant beaucoup de groupes de rock âgés qui continuent. Pour ne parler que du Sud, les Allman Brothers, Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet, etc. Vous pensez qu'ils auraient mieux fait de déjà d'arrêter ?
C'est le choix personnel de chaque groupe. L'Allman Brothers Band a de grands guitaristes en la personne de Derek Trucks et de Warren Haynes ; ils nous semblent donc plus frais que jamais. Skynyrd est une tradition américaine et je pense qu'ils voudront continuer quoiqu'il arrive. J'admire tant ces deux groupes. En ce qui concerne Hatchet, j'admire Bobby Ingram de travailler si dur à réinventer un groupe avec de nouveaux musiciens et de nouveaux morceaux. En conséquence, ils peuvent tenir la dragée haute aux meilleurs groupes de métal et de hard rock. Tant mieux pour eux.
Doc Holliday - From The Vault
Vous sortez aussi à cette occasion « From The Vault », annoncé comme étant votre dernier album. Est-ce une décision définitive ?
Oui.
Pourquoi avoir choisi de compiler d'anciens enregistrements avec simplement deux nouveautés au lieu d'avoir écrit un album totalement nouveau ?
Chaque groupe, pour un peu qu'il ait une longue histoire, a des enregistrements qui ne sont pas sortis. Parfois sans la permission de l'artiste sortent des bootlegs. La qualité sonore des bootlegs est rarement bonne. On voulait donner aux fans l'occasion d'écouter un peu de notre histoire. On a donc pris ce qu'on pensait intéressant de chaque décade et on a ajouté deux nouveaux morceaux juste pour le plaisir. L'intention avec « From The Vault » était de peindre un tableau de trente années de carrière. J'espère qu'il est agréable à écouter pour les fans de ce groupe et, plus généralement, pour ceux qui aiment le rock sudiste. Notre souhait était de rappeler de bons souvenirs de morceaux familiers mais réalisés d'une manière un peu différente.
Je ne pense pas que je pourrais écrire, à ce point de ma vie, un album entièrement neuf de Doc Holliday. À cinquante-six ans, je n'écris pas le même genre de chansons qu'à vingt-six. La plupart des fans de rock n'ont pas envie que les groupes qu'ils aiment change trop. C'est d'ailleurs mon cas quand je pense à un groupe dont j'ai le son en tête. Deep Purple sonne comme Deep Purple. J'oublie que ces gars ont produit le même son pendant trente à quarante ans. Les fans de rock sudiste, spécialement, veulent que leur musique soit faite d'une certaine manière. Comme compositeur, je pense n'avoir en moi que quatre-vingt à cent chansons de Doc Holliday. J'écris toujours de la musique mais pas trop dans le style traditionnel du rock sudiste. Je serais vraiment heureux si nos fans aiment ce qui viendra maintenant, pour moi et pour les autres gars du groupe.
Est-ce à dire que vous allez continuer, avec ou sans les autres membres du groupe, une activité musicale mais dans un autre style ? Country ? Blues ? etc.
On va tous continuer à faire de la musique, ça c'est sûr. Pour ce qui me concerne, je ne sais pas encore dans quel style ce sera.
« Last Ride », « Don't Go Talking » et « Drowning In The Sea Of Love » datent de 1981 quand vous avez sorti « Doc Holliday Rides Again ». Les crédits indiquent que ce sont des mixages alternatifs mais j'avais lu précédemment qu'il s'agissait de démos. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces enregistrements ?
Ces versions sont des versions finalisées, pas des démos. Elles ont été enregistrées aux studios Bee Jay en Floride en 1981 et produites par Tom Allom pour une version de « Rides Again » qui n'est jamais sortie.
Il y a donc eu une première session d'enregistrement qui a donné lieu à cette version restée dans les tiroirs et une seconde session pour enregistrer la version qui est sortie ?
Oui.
Pourquoi la première version n'est finalement pas sortie ?
Jerry Moss, le président d'A&M, n'aimait pas la première version qu'on avait faite.
Bruce Brookshire
Dans les notes de pochette de « A Better Road », vous écriviez que « Bad Love » avait été enregistré en 1980 et en 1981. Concernant 1980, était-ce lors des sessions du premier album ?
« Bad Love » était une de ces chansons que nous avons gardées pour la retravailler. Je pense que nous somme finalement enfin parvenu à la réussir lors cette dernière tournée. Il y a une version de 1980 et une autre de 1981.
Avez-vous travaillé de manière différente pour créer le premier album et « Rides Again » ?
On n'a jamais fait deux versions d'un autre album que « Rides Again ».
La première version de « Rides Again » me fait plus penser au premier LP au niveau du son et aussi, peut-être, au niveau de l'esprit des solos. A&M n'aimait pas trop le premier album ? Et qu'est-ce qui vous a fait évoluer au niveau de l'expression des guitares ?
C'est une très bonne observation. Le premier album a été produit par Tom Allom. La première version de « Rides Again » a également été produite par Tom Allom. C'est ce que vous entendez. A&M aimait le premier album. Les guitares ont changé surtout à cause d'une grande modification : j'ai commencé à jouer sur une Fender Stratocatser plutôt que sur la Gibson Les Paul qui avait été utilisée pour le premier album et la première version de « Rides Again ». Ça fait toute la différence dans les solos. Ce son que vous entendez sur « Don't Stop Loving Me », c'est la Strat.
A&M n'aimant pas la première version de « Rides Again » a changé le producteur ? Qui est David Anderle qui a produit ce second album ?
David Anderle était vice-président d'A&M quand il travailla avec nous. Il devint plus tard président du label. Il avait produit Rita Coolige, les Ozark Mountain Daredevils, Kris Kristofferson, Delaney & Bonnie et d'autres encore. À la fin des sixties, il travaillait pour Elektra Records et a été le « chaperon » de Jim Morrison - il le réveillait à son hôtel et l'emmenait au studio pour enregistrer. Il a également travaillé avec les Beach Boys. Alors qu'une nuit nous étions dans le studio, il a reçu un appel téléphonique dans la salle de contrôle. Je pouvais l'entendre parler et dire « Merci pour l'invitation. Je suis désolé mais il faut qu'on travaille ce soir ». Puis il nous a dit que l'appel venait des Rolling Stones qui nous invitaient à être leurs hôtes pour leur concert à Orlando !
D'autres morceaux issus de ces sessions figurent sur la version de « Song For The Outlaw » sortie chez Halycon Music et d'autres encore sur « Better Road ». Pourquoi ne pas avoir sorti un CD regroupant l'ensemble du travail de ces sessions ?
Nous sommes vraiment fiers de la version de « Rides Again » qui a été commercialisée. Ce disque a eu du succès et est devenu un LP classique du rock sudiste de l'époque. Beaucoup de fans considèrent que c'est notre chef d'oeuvre. On peut écouter les autres morceaux de manière dispersée car ils ne sont pas parties d'un album terminé. Si un artiste vous montre des croquis au crayon d'une peinture à l'huile terminée, il faut considérer qu'ils n'ont été faits que pour préparer le tableau. C'est la même chose ici. L'auditeur n'a pas à comparer l'un avec l'autre mais, de manière séparée, vous pouvez simplement apprécier les morceaux pour ce qu'ils sont : des moments de l'histoire du groupe.
Il existe d'ailleurs une version pirate (« Rides Again... The Demos... ») qui contient encore deux autre morceaux inédits, « Travelin' Band » et « Let Sing Our Song ».
Et bien, les bootlegs sont les bootlegs. J'ai quelques pirates des Beatles que j'aime en tant que fan mais je sais que le groupe ne voulait que ça sorte. Ils ne sont certainement pas aussi bons que « Sgt. Pepper » ou « Rubber Soul ». Les bootlegs, c'est juste pour les fans !
Doc Holliday Rides Again...
La première version de « Lonesome Guitar » avait un final totalement différent, à la Charlie Daniels Band. Pourquoi finalement l'avoir modifié et qui a décidé du nouveau final ?
On sentait que le morceau avait besoin de mieux s'articuler entre les deux parties. L'original, que nous aimions tous, sonnait plus comme un medley de deux morceaux plutôt qu'un seul et même long morceau. Davide Anderle, le producteur de l'album, a choisi les versions.
Avez-vous parfois joué en concert « Lonesome Guitar » avec sa première construction ?
Je pense qu'on l'a joué quelque fois ainsi en concert mais pas souvent.
Sur la première version de « Good Boy Gone Bad » il y a une section de cuivres et sur « Don't Stop Loving Me » un sax très présent. Est-ce vous qui aviez eu l'idée et pourquoi cela a-t-il été abandonné ?
On aimait le son de Skynyrd avec ses cuivres sur « What's Your Name » et ça nous semblait une bonne idée d'essayer ça sur quelques-uns de nos morceaux. Tom Dorsey et moi avions joué dans des groupes de rhythm and blues au début des seventies et il avait fini par avoir pas mal de succès comme arrangeur de cuivres pour Paul McCartney et les Wings. Les Wings ne tournaient pas à ce moment-là et Tony a eu la gentillesse d'emmener la section de cuivres à Orlando pour enregistrer avec nous. Il a aussi emmené sa femme, la fameuse chanteuse soul Mary Holmes, qui a fait les choeurs sur ces sessions. C'était aussi un plaisir d'avoir Leslie Hawkins de Lynyrd Skynyrd participant également aux choeurs. Elle était dans l'avion quand il est tombé et elle était alors toujours en convalescence de ses blessures. Mary et Leslie furent nos premières « Doc-ettes ». Ils ont fait les cuivres et les choeurs sur « Good Boy Gone Bad » et « Drowing In The Sea Of Love ». Jerry Moss, le boss d'A&M n'aimait pas les cuivres et les choeurs.
Qui était le saxophoniste ?
C'est Eddie Blair du groupe Nantucket. On était de bons amis avec ces types et on a fait pas mal de concerts ensemble à cette époque car on avait le même management. Eddie a une incroyable oreille pour le rock and roll et il est toujours un des meilleurs dans le milieu. Il est venu à Orlando. Il s'accordait parfaitement à la section de cuivres de Tom Dorsey et il a fait aussi le solo de sax de « Don't Stop Loving Me ». Ce sont des morceaux qui sonnent super.
Oui, c'est excellent... mais je dois dire que je préfère encore la version finale dont les parties de guitare m'émeuvent profondément. C'est une de mes trois parties de guitare favorites (avec celles du « Stars And Scars » de Point Blank et de « Where Will I Be » de Copperhead) dans une collection de plus de cinq mille albums. Est-ce vous qui les jouez ?
C'est moi et je suis heureux que vous l'aimiez. Plus de cinq mille disques ? Quel honneur !
« From The Vault » ne comporte aucun morceau en lien avec le premier album, « Modern Medicine » ou encore le live « Song For The Outlaw ». Il n'existe rien d'inédit pour eux ?
J'ai une chute en provenance de « Modern Medicine » mais ce n'est pas un enregistrement master. C'est juste sur cassette. La qualité du son n'est pas suffisante pour la sortir maintenant. Il n'y a pas d'autres morceaux pour « Song For The Outlaw ».
Il n'est pas évident d'entendre beaucoup de différences de mixage avec les versions qui étaient parues précédemment de « Automatic Girl », « All The Rights Moves » ou « Good Time Music ». Sur quels éléments le mixage diffère-t-il précisément ?
Ouh ! « Automatic Girl » est très différent si vous comparez avec la version de l'album. Il y a des claviers et plusieurs guitares sur cette version et qui ne sont pas sur l'album. « All The Right Moves » est mixé différemment avec d'autres choeurs.
Est-ce que ces mixages différents datent de l'époque ou alors les avez-vous fait à l'occasion de la préparation de « From The Vault » ?
Ces mixages ont été faits il y a des années par notre manager sans notre permission.
Doc Holliday
Le style de « Modern Medicine » a surpris lors de sa sortie. Avez-vous construit directement les morceaux tels qu'on les connait ou y avait-il d'abord un format plus Southern rock ?
Nous avions beaucoup de morceaux prêts pour cet album et que nous n'avons pas utilisés. Parce que le style de ce LP était très différent, notre processus a donc été très différent et nous avons fini par écrire la plupart des morceaux en studio. Le producteur de cet album, Mack, nous a appris beaucoup sur l'enregistrement. On a utilisé des techniques pour ces enregistrements que nous n'avions jamais essayées auparavant : des pistes avec métronome et des boucles, le remplacement de pistes de batterie enregistrées par de nouvelles pistes. Des choses qui sont très fréquentes aujourd'hui mais qui étaient alors nouvelles pour nous. J'aime cet album. Certaines de ces chansons sont parmi mes favorites. « You Don't Have To Cry », « No Relation To Love » et « You Turn Me On » sonnent toujours bien aujourd'hui. L'album ne sonne plus si « moderne » maintenant. Deux morceaux composés à cette époque, « Thunder & Lightning » et « Run To Me », ont fini sur le « Danger Zone ».
J'aime aussi ces morceaux de « Modern Medicine », en particulier « No Relation To Love » et « You Turn Me On ». Vous n'avez jamais songé à les réarranger pour pouvoir peut-être les intégrer dans vos set-lists ?
On faisait dans nos concerts de l'époque « City Night », « You Like To Rock » et « Rock City ». Nous ne les avons ensuite jamais remis dans nos set-lists.
Après la fin de votre contrat chez A&M, vous avez produit tous vos disques. Est-ce pour avoir le total contrôle artistique ou pour des raisons financières ?
Probablement un peu des deux. Dans un monde parfait, j'aurais aimé travailler avec Tom Allom pour chaque disque que j'ai fait. Il est tout simplement le meilleur et c'est aussi un grand ami. Il a rendu ces moments en studio si créatifs et si funs ! Si je fais un album solo dans le futur, j'aimerais qu'il me le produise mais il vit à Londres la plupart du temps... Et il y a aussi le problème de l'argent.
Avez-vous produit d'autres artistes ?
Parmi les disques dont je suis le plus fier, il y a le premier LP de Lizard, le disque de Borderline avec Georg Bayer, Mickey Moody et Bernie Marsden, le « Eddie Stone & Friends » et un groupe de métal qui s'appelle Gene Pool. Il y en a quelques autres.
Eddie Stone songe-t-il à un troisième CD ?
Oui.
Le projet est-il avancé ?
Je ne sais vraiment pas à quel stade d'avancement il en est. Je sais qu'il est pas mal occupé à donner des concerts acoustiques en duo avec Rob Walker de Stillwater. Il vous donnerait plus d'informations que je n'en ai.
Pour en revenir à « Automatic Girl » et « All The Rights Moves ». Y a-t-il d'autres alternates ou morceaux inédits datant de ces sessions ?
Je ne pense pas.
Doc Holliday
Pourquoi avoir réenregistré le morceau « Son Of The Morning Star » en 1996 ? Vous vouliez l'utiliser de nouveau pour « Legacy » ?
On l'a envisagé. Cette prise a été enregistrée dans mon ancien studio. « Legacy » a été le premier album enregistré là-bas. La dernière partie de cette version est totalement différente. Tom Hallek de notre label Phoenix Records l'appelle la fin à la Wishbone Ash.
Comment avez-vous choisi les extraits de concerts ?
C'étaient des enregistrements qu'on avait et qui sonnaient de manière intéressante. J'aime la voix du DJ Finlandais. Je n'ai aucune idée de ce qu'elle raconte !
Il y a une très belle version acoustique de « Lonesome Guitar ». L'avez-vous souvent joué ainsi ?
Ça a été la seule fois ! Quand nous l'avons enregistré, nous étions serrés dans une petite salle pour une émission de radio en direct.
Vous avez enregistré deux nouveaux morceaux pour « From The Vault ». Pourquoi Eddie Stone et John Samuelson n'y ont pas pris part ?
On n'était jamais au même endroit ensemble assez longtemps. La plupart de ces sessions ont été faites dans ma maison au milieu de la nuit.
Pourquoi le choix de la cover de « Glendale Train » ?
Pendant des années, nous avons joué cette chanson en coulisses avec une guitare acoustique pour échauffer nos voix avant un concert. Ou alors nous la faisions de retour à l'hôtel en faisant la fête. C'est la musique dans laquelle on a baigné : on écoutait les Allman Brothers, Cowboy, le Grateful Dead, New Riders, les Flying Burritos ainsi que les Everly Brothers et Merle Haggard. Ensuite on se jetait sur du Deep Purple.
Pouvez-vous nous parler de « Can't Live Without You » ?
Pour être honnête, je voulais faire quelque chose qui sonnerait comme du Delbert McClinton. C'est un si merveilleux compositeur et chanteur.
Oui, vous aviez d'ailleurs excellemment repris son « Let Me Be Your Lover » sur « Rides Again » avec une slide hypnotique qui me rappelle celle de « I Got The Same Old Blues » de Lynyrd Skynyrd. Vous en êtes-vous influencés ?
Ce morceau nous est parvenu par Dr. Hook. Au milieu des seventies, on a eu la chance de rencontrer Dennis et Bill de ce groupe et on ne l'a jamais oublié. Mes influences personnelles en matière de slide sont Johnny Winter et Jesse Ed Davis. Je pense cependant que Gary Rossington est aussi un bon joueur de slide.
Vous avez rencontré Dr. Hook à un congrès de médecins !?
En fait, nous avons fait quelques concerts ensemble au fil des ans !
A-t-on une chance de voir un jour un DVD de Doc Holliday ?
Oui.
Avez-vous un projet précis ? Sur quelle époque de Doc Holliday pourrait-il porter ?
Il y a pas mal de vidéos de la tournée 2006 et quelques-unes de cette dernière tournée. On a aussi des trucs de 1989. Je pense qu'on va faire avant longtemps quelque chose à partir de tout ça avec Phoenix Records.
Bruce Brookshire
Il y a dix ans sortait votre album solo, « The Damascus Road ». Pourquoi plus rien depuis lors ?
Je ne travaille pas très vite. De bien des manières, je suis paresseux. J'ai maintenant assez de chansons pour un disque chrétien. Un des morceaux de ce futur disque chrétien est de la plume de Peter Freudenthaler du groupe Fool's Garden !
Quand pensez-vous l'enregistrer et le sortir ?
J'espère commencer à travailler sur les pistes finales avant la fin de l'année. Merci de me rappeler en novembre que j'ai dit ça !
Vous nous disiez que vous alliez continuer la musique dans un autre style. Est-ce que vous allez continuer à mener deux projets différents comme vous le faisiez d'un côté avec Doc Holliday et de l'autre avec « The Damascus Road » ?
Oui, je vais avoir un projet rock et un projet chrétien.
Quelques petites questions sur votre jeunesse maintenant. Pouvez-vous nous parler un peu de votre itinéraire musical jusqu'à la formation de Doc Holliday ?
J'ai eu mon premier groupe quand j'étais enfant et que je vivais sur une base américaine en Allemagne en 1965. J'ai eu des groupes à peu près tout le temps. Mon frère Bob et moi avons commencé en 1971, en Géorgie, un groupe qui s'appelait Roundhouse. Roundhouse a changé son nom en Doc Holliday en 1980.
Comment vous êtes-vous rencontrés avec les autres fondateurs de Doc Holliday ?
Daniel Bud et moi avons joué pour la première fois en 1970. John et Herman nous ont rejoints en 1974 et Eddie en 1975 quand il a quitté l'armée. On a embauché Ric dans le Tennessee en 1979. Je vous dis ça de mémoire mais celle-ci est quelque peu défaillante et ces dates sont probablement inexactes. Quelqu'un a ça d'écrit quelque part.
Pourquoi votre frère n'est-il pas resté avec Doc Holliday. Que sont-ils devenus, lui et Herman Nixon ?
Après Roundhouse, mon frère s'est plongé dans la scène Rhythm & Blues. Il a joué avec des stars comme Clarence Carter, Johnny Taylor, ZZ Hill et Solomon Burke. Il a été professeur d'université pendant plus de trente ans. Vous pouvez chercher Dr Robert G. Brookshire sur le net. Il écrit en ce moment un livre. Il est bien connu dans le domaine des ordinateurs et de la gestion de système.
Après avoir quitté Doc Holliday, Herman a joué avec le groupe de Toy Caldwell, puis il a enseigné la batterie pendant de nombreuses années. Il est aujourd'hui à la retraite.
Quel style était celui de Roundhouse et que jouiez-vous : des reprises ? Vos compositions ? Certains des morceaux de Doc Holliday datent-elles de l'époque de Roundhouse ?
Roundhouse a commencé en 1971 en tant que groupe de blues. Mon frère Bob jouait de la guitare et de l'harmonica. À l'origine, je n'étais pas le chanteur. C'était Charles Glover qui, plus tard, a écrit et joué avec Ram Jam. Après le départ de Charles, mon frère m'a encouragé à m'essayer au chant. C'est mon frère qui joue de l'harmonica sur « Round And Round » présent sur de notre premier album.
Dans les seventies, nous avons eu l'occasion d'ouvrir des concerts pour Ted Nugent, Bob Seger, The Beach Boys, Wet Willie et d'autres. On a toujours voulu inclure nos propres morceaux mais on jouait aussi des reprises.
Au début, on reprenait du blues de Savoy Brown, John Mayall et Taj Mahal. Plus tard, après qu'Eddie nous ait rejoins avec son Hammond B-3, nous avons commencé à faire des morceaux des Allman Brothers. On a toujours aussi fait nos propres versions des chansons des Beatles.
Nos influences originelles se reflètent dans les morceaux repris sur l'album « Rebel Souls ».
« The Way You Do » et « Ain't No Fool », qui figurent sur le premier album viennent du milieu des seventies. Ce sont les deux seuls titres en provenance de cette époque.
Roundhouse
Lorsque je vous avais vu avec deux guitares à Verviers, vous preniez la plupart des solos. Était-ce la même chose à l'origine, avec Ric Skelton ?
Ric est un superbe guitariste du Tennessee qui joue superbement des guitares lead et rythmiques. J'essayais de partager les soli aussi bien que possible. J'ai eu beaucoup de chance de jouer avec de bons musiciens qui laissent les morceaux décider de qui doit jouer telle partie.
Ce dernier joue sur un seul morceau de « Danger Zone » : « Southern Girls ». Ça a été enregistré avant qu'il ne quitte Doc Holliday ?
Non, Ric avait déjà quitté le groupe mais il n'avait pas quitté la ville où on était. Je lui ai donc demandé de venir jouer. Avoir une chanson sur les jolies filles du Sud, c'était son idée.
Quelle est votre définition du rock sudiste ?
Le son des Allman Brothers a tout déclenché. Ils étaient pour nous à l'époque comme nul autre groupe sudiste, à la fois si psychédéliques mais bluesy en même temps. Puis il y a eu Wet Willie avec l'influence du R&B qu'ils ont ajouté à ce nouveau/ancien son du Sud. Les deux suivants furent Lynyrd Skynyrd et le Marshall Tucker Band. La combinaison des sons de ces quatre groupes différents et distincts a créé ce rock sudiste. Les Outlaws le faisaient dans un style côte Ouest ; Blackfoot dans un format un peu plus lourd mais le son provient d'une combinaison de ces quatre artistes.
Et quels sont vos albums favoris de Southern rock ?
Le premier LP de l'Allman Brothers Band, « Pronounced » de Lynyrd Skynyrd, « Pullin' Together » de Grinderswitch, « Searching For A Rainbow » du Marshall Tucker Band et « Lonely Are The Brave » de Lizard.
La mort de Georg Bayer est bien triste. Avez-vous des nouvelles de Lizard ?
Lizard travaille actuellement à son prochain album. Ils ont trouvé un chanteur qui s'appelle Ruben. Il n'est pas là comme remplaçant ; l'esprit de Georg est toujours là et il y sera toujours. Ruben apporte avec respect sa voix au groupe. Il est très talentueux et il convient parfaitement à Lizard. Je pense que Georg approuve. Moi, je le fais. J'espère que je pourrais tourner de nouveau avec eux l'année prochaine.
Au sein de Lizard ou avec un autre groupe ?
J'aime faire avec eux des concerts avec des morceaux du Doc et des morceaux de Lizard.
Quel regard portez-vous sur ces trente ans de carrière de Doc Holliday ? Quels sont les meilleurs souvenirs ? Et les regrets ?
Je pense qu'il y a quelques bons morceaux sur chaque album et qu'on a fait quelques bons concerts. Être en mesure de faire de la musique et faire que les gens se sentent bien, c'est ce que nous avons toujours voulu faire. J'ai été béni d'avoir de bons partenaires dans le groupe. J'essaie de ne pas trop me focaliser sur les regrets. Tout ce que nous avons vécu fait de nous les gens que nous sommes aujourd'hui. Nous ne pouvons pas changer le passé. On peut faire mieux quand on sait mieux. J'essaie d'aimer ma famille, mes amis, et mes voisins autant que je peux. L'amour a construit ce monde. L'amour le sauvera.
Merci Bruce.
Merci
Doc Holliday
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