Accueil/Home Radio Blues Intense Sweet Home RBA! All Blues Dixie Rock Carrefour du Blues Interviews Liens/Links Contact Powerblues

Rodney Justo
Roy Orbison Band - Candymen
Atlanta Rhythm Section - Beaverteeth
Interview par Luc Brunot.
Traduction par Dominique Turgot et Luc Brunot.
Publié dans Bands Of Dixie n°94 (septembre - octobre 2013)
Les prestations de l'Atlanta Rhythm Section lors de la Rock Legends II Cruise en ont frappé plus d'un par la qualité du show et l'énergie déployée par la légendaire formation des seventies, qui enregistre par ailleurs le retour de deux membres d'origine, Paul Goddard et Rodney Justo. Y aurait-il un lien ? Tout ça nous a donné envie de rencontrer le groupe. Pour ce faire, nous avions envie de proposer deux éclairages et dans cette perspective nous avons interrogé Steve Stone et Rodney Justo.
Bands Of Dixie n°94
Et non, le chanteur d'origine de l'Atlanta Rhythm Section n'était pas Ronnie Hammond, c'était Rodney Justo ! Parti après le premier album du groupe, il est aujourd'hui de retour en son sein. Ses qualités de showman et son dynamisme ne sont sans doute pas pour rien dans la qualité de l'actuelle version de l'Atlanta Rhythm Section. L'histoire de Rodney Justo est bien loin de se limiter à la formation issue de Doraville mais est riche de nombreux groupes et artistes avec lesquels il a collaboré. Ce grand conteur d'histoires nous parle ainsi de Roy Orbison, des Candymen, de Beaverteeth, de Roy Buchanan pour ne citer que les plus connus.
Bonjour Rodney,
D'où êtes-vous et quand êtes-vous né ?
Bonjour Luc. Je suis né à New York en février 1945. Mes parents étaient espagnols et j'ai grandi à Tampa, en Floride. Ils se sont rencontrés à New York et c'est là qu'ils se sont mariés. J'ai déménagé à Tampa quand j'avais deux ans et j'ai vécu ici jusqu'à mes vingt-cinq ans. Je suis alors parti m'installer à Atlanta pour faire partie de l'Atlanta Rhythm Section. Quand j'ai quitté l'ARS, j'ai déménagé à New York pour être un musicien de studio et j'ai été là-bas quelques années avant de revenir à Tampa, où je vis depuis.
Pourriez-vous dire quelques mots de votre jeunesse, en particulier au niveau musical ?
Je chantais avec la radio quand j'étais gamin mais, pour je ne sais plus quelle raison, j'ai un jour cessé de chanter. Peut-être parce que j'avais commencé à faire du sport. Je me souviens de la classe de sixième lorsque le prof me demanda de chanter une chanson et que je suis devenu brusquement assez populaire parce que je chantais bien, mais ensuite, je n'ai de nouveau plus chanté pendant un bon moment.
J'étais fasciné par la batterie et mes parents m'ont acheté une caisse claire. Je réalise maintenant le sacrifice que c'était parce que d'une part, nous n'avions pas beaucoup d'argent et que d'autre part, mon père n'aimait pas le bruit alors que ma frappe constante sur ce truc devait le rendre fou. Toujours est-il qu'il n'a pas fallu attendre longtemps pour que mes parents m'achètent une batterie complète Gretch sur laquelle je frappais non-stop dans l'espoir de devenir batteur.
J'avais réussi à remplacer le batteur dans un groupe où mon ami jouait de la basse et j'avais décidé d'impressionner tellement les leaders qu'ils ne pourraient que m'embaucher et virer leur batteur. Eh bien, finalement, quand j'ai entendu le batteur en répétition, j'ai réalisé que je n'allais jamais pouvoir être aussi bon que lui.
Il se trouve que ce même jour, le chanteur ne pouvait pas venir répéter. Pour je ne sais quelle raison, je me suis porté volontaire pour chanter afin que le groupe puisse apprendre le morceau. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça ; en effet je ne me considérais pas alors comme un chanteur... mais j'ai chanté le morceau et le leader du groupe a alors dit quelque chose comme « Oublie la batterie, on vire le chanteur. ». Voilà, soudainement j'étais devenu chanteur.
The Mystics
Le groupe, c'était E.G. and the Hi-Fis si je ne me trompe pas. Quand était-ce ? À ce que j'ai lu, vous avez rapidement pris le groupe à votre compte, avec un nouveau nom, les Mystics. Pouvez-vous nous raconter ça et faire un bref résumé de l'histoire des Mystics jusqu'à l'époque des Candymen ?
Vous avez raison. Il semble que ce vieux EG (son nom était Emilio Garcia. Ironiquement, il a fini par se retrouver dans l'une des dernières versions des Mystics) prenait pratiquement tout l'argent. J'ai alors convaincu les types du groupe de se joindre à moi avec trois autres gars qui avaient déjà eu un embryon de groupe et qui étaient de vraiment bons musiciens. C'était probablement en 1960.
On était onze à un moment donné, tous des musiciens de haut vol qui pouvaient déchiffrer comme des champions.
Il est difficile de s'en souvenir mais il fut un temps où les disques qui marchaient le mieux n'étaient pas le fait de groupes (les Beatles ont changé tout ça) mais d'artistes individuels qui voyageaient habituellement seuls et se faisaient accompagner par des groupes du cru. La plupart d'entre eux chantaient leurs propres hits, accompagnés par ces groupes locaux, qui devaient les apprendre à l'avance. Pour le reste de la soirée, ils jouaient tous les mêmes morceaux pour rallonger d'une demi-heure voire plus le spectacle. Que ce soit « The Twist », « What I'd Say », « Bo Diddley », « Shout », « Money » ou toute autre chanson à la mode, ils étaient sûrs que tout groupe allait la connaître.
Eh bien, comme mes gars étaient d'excellents musiciens et pouvaient également lire la musique au cas où quelqu'un comme Gene Pitney, Neil Sedaka ou Fabian ne vienne, nous étions le groupe qui accompagnait presque tous ceux qui avaient un hit et qui venaient en Floride centrale.
C'est comme ça bien entendu que j'ai rencontré Roy Orbison.
En fait, il y a eu plusieurs étapes.
Tout d'abord, comme je l'ai dit, mon groupe a joué pour lui et nous nous sommes liés d'amitié. Il était très modeste et aimait mon groupe. En fait, je pense que la première fois que je l'ai rencontré, nous ne l'avons pas accompagné. Il voyageait avec un guitariste du nom de Fred Carter (je vais vous en parler bientôt).
Ensuite, Roy a été le premier homme à voyager avec son propre groupe (je dis ça mais Bobby Vee voyageait aussi avec son groupe à la même époque... disons donc qu''ils étaient premiers ex-aequo). C'était un groupe local de Dothan, en Alabama ; ils s'appelaient les Webs. Quand ils sont venus en Floride, je suis devenu ami avec Bill, Paul, Bobby et John Rainey (Il utilisait toujours son second prénom avec le premier). Ils ont pris le nom de Roy Orbison Band.
Troisième étape : quand j'ai eu seize ans, la personne qui s'occupait de l'ensemble de ces spectacles m'a proposé d'être mon manager. Il s'appelait Paul Cochran et, à ce jour, de toute ma carrière, c'est la seule personne avec qui j'ai signé un contrat de management. C'était vraiment quelqu'un et il est devenu très proche de pratiquement tous les artistes dont il s'occupait. Même maintenant, quand je croise des artistes que je voyais quand j'étais jeune, ils me demandent des nouvelles de Paul.
J'avais dix-huit ans quand Roy m'a dit qu'il voulait me produire en tant qu'artiste. Il a alors choisi quelques chansons et je suis parti pour Nashville.
Il faut que je vous dise que Roy était un gars tout à fait loyal et les chansons qu'il avait choisies avaient été écrites par Fred Carter envers lequel je suis sûr Roy se sentait redevable pour avoir été avec lui sur la route à ses débuts. Je savais que les chansons n'étaient pas fameuses mais de quel droit me plaindre ? Après tout, je n'étais qu'un enfant de Tampa et Roy Orbison était le producteur.
Pauvre Roy. Je pense qu'il a vraiment aimé la prise quand on l'a enregistrée. Pendant qu'on l'écoutait, il nous a regardé, Paul et moi, et nous a dit « SMASH! » pour nous faire comprendre que le succès était assuré.
C'était le 11 février 1963.
Rodney Justo - Miss Brown (45 tours)
Les Beatles étaient passés à la télévision américaine pour la première fois le 9 février.
Quand je les ai vus, j'ai su que mon disque qui devait sortir très prochainement n'avait aucune chance... La musique avait été changée pour toujours... Aucune chance d'autant plus quand l'arrangeur m'a dit de ne pas sonner si «  black » et de chanter plutôt comme Bobby Rydell, un chanteur populaire de Philadelphie.
Dernière partie : Peut-être savez-vous que le Bobby du groupe de Roy Orbison, c'était Bobby Goldsboro qui avait obtenu un succès titré « See The Funny Little Clown ». Comme il avait son hit, il n'avait plus de raison de rester dans le groupe de Roy. Pour être bref cette fois... J'ai alors pris sa place.
L'origine de ce choix venait de ce que le groupe voulait être en mesure de travailler quand Roy ne bossait pas et ils avaient donc besoin d'un chanteur. Et mon amitié avec eux a fait que c'est à moi qu'ils ont proposé le poste.
Je pense qu'ils voulaient aussi quelqu'un d'extrêmement beau (Enfin, j'imagine !).
Est-ce que le disque dont vous parlez est le 45-tours « Miss Brown » / « Tell Her That You Care » publié sur le label Sound Stage de Nashville (#2531) ?
Oui, Luc, c'est ça.
Est-ce le seul enregistrement sous votre nom ?
Oui, c'est la seule chose que je n'ai jamais enregistrée sous mon propre nom.
Entre fin 1963, début 1964, le groupe a pris The Candymen pour nom. Parmi ses membres il y avait John Rainey Adkins - avec lequel vous vous retrouverez plus tard au sein de Beaverteeth - et deux futurs musiciens de l'Atlanta Rhythm Section, Robert Nix et Dean Daughtry, lesquels furent embauchés en 1965. Comme pour l'ARS, je suppose qu'il ne faut pas oublier d'inclure Budddy Buie, manager de Roy Orbison et du groupe, impliqué dans l'écriture des morceaux et la production. Vous avez enregistré deux albums et deux 45-tours, je crois, mais sans grand succès. J'ai lu que c'était en concert que les Candymen étaient les meilleurs et que, vous, Rodney, étiez un grand showman. Est-ce exact ?
On m'a demandé, il y a quelques années, de faire un discours (avec Buddy Buie) au Rock and Roll Hall of Fame à l'occasion d'un hommage d'une semaine rendu à Roy Orbison. L'un des autres invités à prendre la parole fut Fred Foster, producteur des disques de Roy et propriétaire de Monument Records, le label de Roy.
Eh bien, je pensais qu'il était de mon devoir de me présenter à lui et de lui dire que mon premier disque était sorti sur son label. J'ai pensé que peut-être il aurait quelque chose de gentil à me dire... Pas de chance, il ne se souciait de moi pas le moins du monde et ne m'a pas prêté attention. Bah !
Nous avons eu un certain succès avec une chanson qui s'appelle « Georgia Pines » et qui a atteint le top 40 dans certaines publications spécialisées.
Le morceau suivant s'intitulait « Deep In The Night ». Il a bondi en 86ème position - je crois - dans les charts, la première semaine. Mais, hélas, on ne pouvait plus l'y trouver dès la semaine suivante.
The Candymen
J'ai lu sur le même site que «The Candymen Bring You Power Candy », votre second album en 1968 a « certainement contribué à ouvrir la voie aux groupes de rock sudiste qui allaient apparaitre au début des années soixante-dix ». Est-ce votre avis et, si oui, comment ?
Je n'aime pas parler de moi, mais - en tant que showman - je peux vous dire qu'il n'y avait pas de meilleur groupe en Amérique que les Candymen. Il y en avait peut-être d'aussi bons, mais pas de meilleurs.
Lorsque nous avons joué à New York, les plus grands artistes du pays (que dis-je ! les plus grands artistes internationaux) voulaient monter sur scène et nous demander de jouer telle ou telle chanson comme s'ils étaient des enfants.
JR Cobb, des Classics IV, a été impliqué dans l'écriture de quatre morceaux de ce LP, co-écrit avec Buie. Travaillaient-ils ensemble seuls de leur côté ou rencontriez-vous Cobb fréquemment ?
Concernant JR Cobb, le fait est que John Rainey, à un moment donné, était le principal co-auteur avec Buddy Buie, mais il vivait à Dothan, en Alabama, tandis que Buddy avait déménagé à Atlanta pour former une société de management avec Paul Cochran et lui et JR étaient devenus proches.
À cette époque, il y avait d'avantage d'esprit de communauté qu'il ne semble y en avoir de nos jours, dans le sens où il y avait toujours quelqu'un qui trainait du côté de Master Sound [NDLR : studio de Bill Lowery à Atlanta]. On chantait donc tous sur les disques des autres, les démos et tout le reste.
Je veux dire que si l'on se trouvait à Atlanta pendant quelques jours, il suffisait juste aller à Master Sound et voir qui était là.
Les Candymen se sont séparés je crois en 1970, mais vous avez rejoint Noah's Ark en 1969. Vous avez enregistré un single « Purple Heart » (la face B, « Stormy » figure sur l'anthologie "From The Vaults") mais vous êtes rapidement partis. Pendant combien de mois étiez-vous avec ce groupe ?
La fin des Candymen c'est 1969, quand je suis parti. Dean est parti juste après pour rejoindre The Classics IV. Robert aimait à dire qu'il fut le premier à s'en aller mais ce n'est pas vrai.
John Rainey Adkins a essayé de piquer l'appellation Candymen en rameutant quelques gars et en utilisant le nom mais tout ce qu'ils ont réussi à faire, ça a été de décevoir les promoteurs et le public.
Je suis resté dans Noah's Ark pendant un an, avec quelques copains. Pour « Stormy », en fait c'est l'Atlanta Rhythm Section... Buie (qui produisait la session) ne voulait pas de Noah's Ark pour la séance, il a donc pris Barry, Paul, Robert et JR pour ça. Si vous ajoutez Dean, ça aurait fait l'Atlanta Rhythm Section.
Lorsque le disque est sorti et que ça a été lancé comme étant fait par Noah's Ark featuring Rodney Justo, les autres gars du groupe ont pensé que j'avais manoeuvré pour avoir mon nom en vedette. Or je n'en savais rien jusqu'à ce que le disque ne sorte.
« Purple Heart » est une autre chanson de Buie. Il a toujours eu le sentiment qu'une chanson importante était née de chacune des guerres. Et ce point de vue concernant les chansons, vous ne pouviez pas être en désaccord avec lui, que vous fussiez pour ou contre la guerre du Vietnam.
Atlanta Rhythm Section
Vous êtes impliqué, juste après, dans la création de l'Atlanta Rhythm Section. Quelle est l'histoire de cette naissance ?
Il est assez connu que j'étais chez moi à Tampa en train de chanter avec Noah's Ark lorsque Buddy Buie a appelé pour me demander si je serais intéressé de déménager à Atlanta pour chanter dans un groupe qu'il voulait mettre sur pied et qui serait composé des meilleurs musiciens du Sud.
C'était bien avant ce qu'on connait comme étant le rock sudiste ne démarre.
The Allman Brothers commençaient tout juste à s'imposer (et à mon avis, de toute façon, ils n'ont jamais été un groupe de rock sudiste, c'était un groupe de blues) et il semblait qu'ils allaient être le premier groupe du Sud à vraiment réussir.
Je suis tombé sur Gregg à Atlanta dans un hôtel, et il m'a demandé ce que je faisais. Je lui ai parlé de l'Atlanta Rhythm Section et des musiciens du groupe. Il paraissait sûr qu'on ne pouvait pas se louper. Il a d'ailleurs fini par se lier d'amitié avec quelques-uns d'entre nous.
J'ai déménagé à Atlanta avec une certaine réticence parce que je déteste le froid et parce que j'avais passé pratiquement toute ma vie à Tampa. (Ironie du sort, quand j'ai quitté l'Atlanta Rhythm Section, j'ai déménagé à New York City qui était beaucoup plus froid. Mais... c'est New York City !)
Le concept de ce qui allait devenir l'Atlanta Rhythm Section, c'est que nous n'aurions pas à de moments difficiles en attendant de faire nos disques, parce que nous nous ferions de l'argent en jouant sur les disques d'autres artistes.
Tout ça parce que Buddy Buie (avec Paul Cochran, Bill Lowery et JR Cobb) seraient propriétaire du studio. Par conséquent, chaque fois que nous ne travaillerions pas sur des disques pour d'autres artistes, nous pourrions utiliser le studio pour enregistrer notre propre musique.
Malheureusement, parce que nous avons passé beaucoup de temps avec les autres artistes, il aura fallu presque deux ans pour que notre propre album soit enregistré et publié.
Vous avez donc décidé de quitter le groupe après le premier album. Avez-vous regretté plus tard votre décision ?
Vous savez Luc, je crois que si vous voulez changer une chose, vous changez tout. Vous auriez bien du mal à trouver quelqu'un qui a eu une meilleure vie que la mienne. En conséquence, je ne regarde pas en arrière. C'est certain en ce qui concerne ma carrière musicale. J'aurais aimé être un meilleur parent ou mari mais ce sont des problèmes personnels et même si j'avais été parfait, j'aurais tout autant aimé avoir fait un meilleur travail.
Donc, pas de regrets.
Cependant, je pensais que ma carrière éclipserait la leur mais ce n'est pas arrivé. Et je suis resté ami avec chacun d'eux ; j'allais les voir chaque fois qu'ils passaient à proximité.
Entre l'Atlanta Rhythm Section et Beaverteeth, vous avez chanté pour Roy Buchanan et tourné avec le chanteur B.J. Thomas. En tant que batteur ?
Rodney Justo - Beaverteeth concert, 1977, Albany, Ga
Mon association avec Roy Buchanan s'est faite assez simplement. Il s'apprêtait à faire une tournée européenne et avait besoin d'un chanteur. J'ai été recommandé par un ami et ils m'ont demandé une bande où je chantais. Je n'avais pas vraiment envie de le faire (parce que je pouvais me faire plus d'argent en faisant du travail de studio) alors j'ai demandé une somme d'argent pour laquelle je ne pensais pas qu'ils seraient d'accord et... ils ont dit oui ! Alors j'ai dit, « plus les frais » et ils ont dit oui. Eh bien, vous savez quoi ? J'ai chanté pour Roy Buchanan !
Nous n'avons jamais répété et je l'ai rencontré sur scène lors d'un concert à Pittsburgh où il jouait en première partie.
Je ne savais même pas quelles chansons j'aurais à chanter mais j'avais entendu quelques-uns des morceaux qu'il faisait. L'un d'eux était « Johnny B. Goode », que je ne connaissais pas. La nuit précédent mon départ pour aller chanter (en fait répéter, mais il n'est pas venu) je suis allé chez Will Lee pour essayer de comprendre et apprendre les paroles à partir d''un album de Johnny Winter.
Quoi qu'il en soit, j'ai finalement rencontré Roy sur scène avant de commencer et je lui ai demandé ce qu'il voulait que je chante. Il m'a répondu : «Connais-tu Johnny B. Goode ? » ... « Eh bien, je n'en connais que la moitié ».... ».... « Bon, eh bien, chante simplement cette moitié à deux reprises. »
Je n'essaie pas d'égratigner Roy ; en effet c'était un gars sympa et certainement un brillant guitariste (si vous l'aviez vu jouer dans la loge, vous l'auriez aimé encore plus parce qu'il pouvait jouer tous les styles de musique et excellait dans chacun d'eux), mais chanter n'était pour lui pas possible. Autant essayer de faire que des chansons merdiques sonnent bien.
Nous avions un morceau de Neil Young, « Down By The River », qui était très plaisant à chanter même si je ne le connaissais pas vraiment. Je ne savais que la mélodie (et encore, pas totalement !) ; quelqu'un avait dû m'imprimer les paroles.
Je ne me suis jamais vraiment intégré, même si deux des gars du groupe étaient des amis de travail de studio à New York. Ça n'a donc pas fonctionné.
Le groupe s'appelait-il déjà Beaverteeth quand vous jouiez avec B.J. Thomas ? Avez-vous quitté B.J. Thomas en tant que membre de Beaverteeth ou êtes-vous retourné dans ce groupe plus tard (comme je le croyais) ?
Pendant mon séjour à New York, B.J. et je moi sommes devenus de très bons amis. Il avait un groupe composé de musiciens de studio de haut vol de New York, et, petit à petit je me suis frayé le chemin pour devenir le chef d'orchestre.
Malheureusement, il m'arrivait de recevoir l'appel de l'un des musiciens; disant qu'il ne pouvait honorer une date parce qu'il avait l'opportunité de faire une session d'enregistrement ou qui disait « j'ai un jingle national à faire pour Coke, Pepsi, McDonalds, etc. »
Beaverteeth
Ce qui impliquait que je devais trouver un remplaçant et lui emmener un enregistrement du show afin qu'il puisse se familiariser avec.
Ça a fini par devenir problématique alors j'ai demandé à B.J. si ça ne le dérangeait pas si je lui trouvais un groupe déjà existant qui serait composé d'amis du Sud à moi et que je formerais à son répertoire. Je lui ai dit qu'il aurait ainsi un groupe stable (un peu comme nous l'avions avec Orbison) et ce groupe était une version de Beaverteeth. Autres avantages : ce serait tout le temps les mêmes musiciens, il y aurait des arrangements vocaux comme sur disque et tous voyageraient en partant du même endroit. Ils pourraient même servir de première partie pour certains concerts. En d'autres termes, ils seraient autonomes. Nous avions donc quatre types de Beaverteeth - qui existait déjà comme groupe et était dirigé par John Rainey Adkins, le guitariste du Candymen. - plus un pianiste de New York que j'ai embauché et moi qui jouait sur une guitare minable. Ainsi, après avoir eu l'accord de B.J., je suis allé à Dothan, en Alabama pendant une semaine pour faire répéter le groupe qui à l'époque se composait de John Rainey Adkins, David Adkins, Jimmy Dean, Charlie Silva et de moi-même jouant de ma guitare minable (et au chant, bien sûr). Le mieux là-dedans, c'était qu'on chantait tous. B.J. avait alors un groupe affuté et parfaitement rôdé en plus de choristes, ce qu'il n'avait jamais eu.
B.J. n'avait aucune idée de ce que à quoi ça ressemblerait et quand nous avons donné notre premier concert, il a été transporté de joie. Ça a probablement duré quelques années.
Avance rapide : B.J. et moi avons eu une dispute (Je tiens à préciser que c'était il y a longtemps. B.J. et moi sommes des amis très proches et on se voit souvent) et je suis alors parti tandis que le groupe, lui restait. Mais ça n'a pas tenu longtemps.
Ils avaient aussi des problèmes avec le management de B.J. et sont peut-être partis quelques mois plus tard.
Votre hypothèse était donc correcte.
J'ai rejoint le groupe et je pensais ne le faire que temporairement, mais j'ai reçu un coup de fil me disant que leur batteur / chanteur avait un cancer. On me demandait si je ne pouvais pas les dépanner un moment. Larry Hunter a été embauché pour jouer de la batterie Même si je n'avais pas l'intention de m'éterniser, nous avons commencé à être assez bons.
Par nature, j'aime me fixer des objectifs personnels et je savais que je ne voulais pas passer je ne sais combien de temps à aller dans l'Alabama pour chanter de club en club.
Ainsi, quand Jimmy Dean a décidé de nous quitter pour écrire le Grand Roman de l'Amérique, nous l'avons remplacé par Jeff Cheshire.
Jeff ne voulait pas quitter le groupe où il était, c'étaient ses amis.
Beaverteeth - First album
Je lui ai dit que son groupe allait finir par exploser de toute façon comme tous le font et que la différence c'est que dans les six mois j'aurais, moi, un contrat d'enregistrement.
Ça l'a intrigué suffisamment pour qu'il nous rejoigne. John Rainey, David, et moi nous sommes mis à composer.
On a enregistré une démo et un gars chargé de la promotion que je connaissais, Mike Craft, l'a fait écouter aux gens de RCA. Et voilà... nous avons eu un contrat d'enregistrement pour deux albums.
David avait joué des claviers pendant l'enregistrement ainsi que la guitare. Nous avons donc décidé que nous avions besoin d'un claviériste si nous voulions sonner comme sur disque. Nous avons auditionné pas mal de musiciens (nous en avons refusé pas mal parce que j'insiste toujours pour que tout le monde puisse chanter) et, heureusement, nous avons pu embaucher un ami des membres du groupe, un gars nommé Mike "flog" Turner, qui était devenu libre.
Dans Beaverteeth, vous retrouviez John Rainey Adkins. Les autres musiciens étaient David Adkins, Jeff Cheshire, Larry Hunter et Mike Turner. Quelles étaient les principales influences du groupe et avait-il une direction musicale spécifique comme objectif ?
En ce qui concerne nos influences, il y avait bien sûr des groupes de la « British Invasion » mais c'était aussi les débuts du rock sudiste.
À vrai dire, nous étions probablement difficiles à définir et on essayait d'ailleurs de sonner comme beaucoup trop de choses différentes ; de vouloir ressembler à trop d'artistes différents.
Je me souviens qu'à l'époque du deuxième album quelqu'un avait écrit que nous voulions être une sorte de Steely Dan en plus rock n 'roll.
On ne peut pas dire que nous l'ayons vraiment prouvé.
Quand avez-vous rejoint le groupe ? (Difficile de trouver une information précise sur Internet, sauf que c'était entre l'été 75 et Février 76)
Je pense que c'était aux alentours de l'été 1975.
Et quand Beaverteeth s'est-il séparé ?
Je suis parti le 13 mai 1978. Ce fut la fin de Beaverteeth.
Vous avez enregistré « Beaverteeth » (1977) et « Dam It »" (1978). Que pensez-vous de ces albums ?
Je pense que si vous mettiez les deux ensembles, vous auriez un très bon album. Quand le premier LP est sorti, je me souviens qu'on donnait un concert à Ft. Lauderdale, en Floride, qui était sponsorisé par une station de radio. Le gars de la radio m'a tout simplement demandé « Vous savez que vous avez là un album qui va cartonner, n'est-ce pas ? » Et j'ai répondu avec une totale humilité « oui » parce que je pensais que ça serait à coup sûr un hit.
Des versions CD sont parues mais sont épuisées. Savez-vous si les albums seront à nouveau réédités en CD ?
Beaverteeth - Dam It
Je ne savais pas que c'était sorti un jour sur CD.
Quels ont été les moments marquants du groupe lorsque vous étiez son chanteur ?
Eh bien, les vrais moments forts datent de l'époque où nous étions le groupe de B.J. et que nous avons pu aller en Afrique du Sud et au Brésil... Comparé à ça, les concerts habituels de Beaverteeth ne font pas le poids.
Après Beaverteeth, vous avez quitté le monde de la musique. À part de brefs vacations dans le groupe en 1983 et 2008, votre retour vers la musique et l'Atlanta Rhythm Section a eu lieu en 2012. Vous avez été invité à chanter « So Into You » sur « With All Due Respect », mais qu'est ce qui ensuite déclencha votre retour dans le groupe ?
Eh bien, le groupe était devenu - faute de trouver un meilleur terme - un « tribute band » avec comme seul membre originel Dean Daughtry. Y a-t-il beaucoup de gens qui ont envie d'aller voir un groupe quand son seul « vrai » membre en est le pianiste. Et je suppose qu'après ma participation à l'enregistrement d'un titre de « With All Due Respect », Dean a pensé que j'étais encore capable de chanter. Alors, il a commencé à me parler d'un retour. Le précédent chanteur faisait du bon travail mais j'ai un style plus proche de celui de Ronnie Hammond et, en plus, comme je suis le chanteur originel, ça nous donne un peu plus d'aura. Maintenant, rajoutez Paul Goddard là-dedans et voilà que tout d'un coup vous avez la moitié du groupe avec des musiciens des débuts.
Comment c'est, cette nouvelle période avec l'Atlanta rhythm Section ?
J'ai chanté avec quatre versions du groupe, y compris celle d'origine, et je pense que tous ceux qui ont joué dans le groupe vous diront que c'est la version qui a le plus d'énergie et c'est aussi la plus proche d'un groupe qui souhaite faire véritablement le spectacle par opposition à un simple groupe : pas de temps mort pendant le ré-accordage des guitares ; une interaction avec le public ; une set list construite avec des séquences de chansons qui se complètent mutuellement ; un show organisé de telle manière qu'il ait un début, un milieu et une fin.
Un grand merci Rodney.
Merci.
Rodney Justo Atlanta Rhythm Section
Atlanta Rhythm Section
Merci pour ces trois photos à Courtni Meadow (Rock Legends Photographers)
Radio Blues Intense Sweet Home RBA All Blues Dixie Rock