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Southbound - An Illustrated History of Southern Rock
Des passages de l'interview figurent dans "Southbound" de Scott B. Bomar,
publié en juillet 2014
(Lien vers le texte de présentation)
Wayne Bruce
Hydra
Interview par Luc Brunot.
Traduction par Dominique Turgot et Luc Brunot.
Publié dans Bands Of Dixie n°49 (mars - avril 2006)
Bands Of Dixie n°49
Hydra fait partie des groupes qui, comme Point Blank ou Stillwater, n’ont jamais récolté le succès que leur talent était en droit de leur apporter. Après trois albums dans les 70’s que s’arrachent toujours les collectionneurs et les amateurs, voilà que le groupe fait à nouveau parler de lui avec l’enregistrement d’un live qui fait déjà figure de disque culte... BOD ne pouvait passer à côté de ce retour qui, espérons-le, donnera à Hydra ses lettres de noblesse...
Bonjour, quelle excellente surprise de voir un nouvel album d’Hydra… après toutes ces années. En plus du plaisir de vous entendre de nouveau et d’écouter un vraiment bon disque, c’est l’occasion pour nous de vous demander, Wayne (NDLR : Wayne Bruce, chanteur guitariste), l’histoire, mal connue ici, d’Hydra. Quelle fut l’histoire de ses membres avant Hydra ?
Nous avons tous joué dans d’autres groupes pendant plusieurs années. À vrai dire, Spencer (NDLR : Spencer Kirkpatrick, le lead guitariste) était dans un groupe qui a ouvert pour les Beatles en 1965 (à l’Atlanta Fulton County Stadium). Le groupe s’appelait The Atlanta Vibrations. C’est la première fois que j’ai entendu parler de lui. En 1968, Steve (NDLR : Steve Pace, le batteur) et Spencer jouaient ensemble dans Strange Brew. Peu après, on m’a demandé de les rejoindre. Le premier groupe s’appelait Noah Mayflower, puis Osmosis a commencé en 1969. Finalement, nous sommes devenus Hydra, en 1971 il me semble. Orville (NDLR : Orville Davis, le bassiste) s’est joint à nous vers 1972.
Quelles étaient les influences des musiciens ?
Un peu de tout. Je viens d’une famille qui écoutait du jazz Dixieland, de la country, du ryhthm and blues et de ce qui allait devenir le rock ’n’ roll. Ensuite, bien sûr, l’invasion britannique a été une grande influence.
Quels types de musique jouaient ces formations pré-Hydra ? Le même que celui d’Hydra ? Sinon, pourquoi changer de nom ?
On était un rock band au départ mais la musique a mûri en même temps que nous. J’ai toujours un enregistrement live d’Osmosis de 1969 qui sonne toujours bien. Ma voix était beaucoup plus haute parce que j’avais seulement vingt ans, mais on peut entendre sur cet enregistrement où on en était arrivé. Le changement de nom n’avait pas de raison particulière. Steve venait toujours avec le nom. Il a nommé tous les groupes que nous avons eus. Je pense qu’il nous a causé du nom d’Hydra et, simplement, on l’aimait. Il représentait aussi la puissance et notre son était alors devenu plus puissant. Ça allait mieux, le truc de la mythologie grecque, les minis têtes de serpent et tout ça. En plus, je me souviens que Steve et moi, on avait adoré ce vieux film, "Jason et les Argonautes", ce truc de Ray Harryhausen. Bien sûr, ce film n’était alors pas vieux.
Quelle était votre set-list à cette époque du commencement, avant d’enregistrer ?
Les Beatles, les Moody Blues, les Yardbirds, Tom Jones, Hendrix, Clapton (avec les bluesbrakers) et nous avions aussi nos propres morceaux. C’était vraiment juste un vrai mélange de trucs. Par exemple, nous pouvions faire un medley des Ventures et ça pouvait évoluer en un medley Hendrix qui pouvait bien durer quarante cinq minutes. C’était de bons moments.
Hydra
Comment et quand s’est formé Hydra ?
Steve, Spencer et moi, nous nous sommes réunis et nous avons joué avec une succession de bassistes. En fin de compte, nous connaissions tous Orville, qui jouait dans d’autres groupes de la région d’Atlanta. Nous lui avons demandé de nous rejoindre et c’est ainsi que ça s’est fait. Et maintenant, bien sûr, c’est Tommy Vickery qui tient la basse.
Que faisait Hydra avant de signer pour Capricorn records ?
Nous étions sans cesse sur la route et nous nous construisions un avenir au travers de nos prestations live. Nous avions la réputation d’être un des meilleurs groupes non signés du Sud. Windfall records (le label de Mountain) montrait de l’attention à notre égard, tout comme Epic. Et nous avons eu comme première offre celle de Sounds Of the South, le label d’Al Kooper, celui pour lequel Lynyrd Skynyrd signa au début de sa carrière. Notre manager était en relation avec Phil Walden et c’est comme ça que nous nous sommes retrouvés chez Capricorn. De plus, on créait pas mal la sensation dans le Sud à cette époque. On faisait alors pas mal de concerts avec de grands noms et on obtenait pas mal d’attention.
Quels étaient ces grands noms ?
Mountain, Procol Harum, Deep Purple, Bachman Turner Overdrive, Bob Seger, Kiss, Kansas, Allman Brothers, Freddie King, ZZ Top, Trapeze, Marc Bolan et T Rex, Savoy Brown, UFO, Lynyrd Skynyrd, Roy Buchanan, Thad Jones & Mel Lewis, Grand Funk Railroad, Three Dog Night, Billy Preston, Styx, Earl Scruggs Review, John Kay de Steppenwolf, Iggy Pop et The Stooges, Slade, Gary Wright, Robert Palmer, The Baby’s, Chuck Berry, REO Speedwagon, Johnny Winter, Edgar Winter, Blue Oyster Cult, Aerosmith, Elvin Bishop, Joe Cocker, The Beach Boys, Sly and the Family Stone et Golden Earring, juste pour n’en citer que quelques-uns.
Avez-vous enregistré avant l’époque Capricorn ?
Ouais, on a enregistré quelques trucs mais pas pour que ça sorte. On avait tous fait quelques enregistrements avant de nous rencontrer, mais comme tous les jeunes musiciens, on voulait juste aller en studio pour voir ce qu’on pouvait faire.
Pouvez-vous nous décrire la musique d’Hydra ?
Bien que nous soyons un groupe de rock sudiste, notre musique n’est pas juste une musique basée sur trois accords. Nous faisions ça bien entendu mais notre musique avait plus de mouvement que celle de certains des groupes qui étaient nos contemporains. Ceci en grande partie grâce au sens de la mélodie à la guitare de Spencer et à la créativité de Steve à la batterie.
Hydra a signé avec Capricorn en 1973 et le premier disque a été enregistré durant l’hiver 1973/1974 et est sorti en août 2004. A-t-il été difficile à enregistrer et à terminer ?
Ouais, nous n’étions pas très heureux à l’époque parce qu’ils essayaient de nous pousser dans le même moule que les autres groupes de la maison de disque. Rétrospectivement, j’aime ce disque d’avantage maintenant qu’à l’époque. J’ai dû interrompre des vacances pour refaire plusieurs parties vocales qui avaient étaient effacées accidentellement. Je n’étais pas très content de ça.
Hydra
À quoi aurait pu ressembler le disque sans la pression de la maison de disque ?
Nos concerts, à cette époque, étaient très énergétiques, je pense donc que notre disque aurait été plus comme nos prestations live, ils auraient été plus bruts. D’avantage un son hard rock. Certains de nos fans ont alors été désappointés par ce premier album. Ils avaient tant l’habitude de nous entendre live et le disque était si adouci… Il faut garder en mémoire qu’on était tous au début de nos vingt ans et plein de jus.
Qui est Dan Tuberville qui a produit le disque ? Qui l’a choisi ?
Il a travaillé avec Roy Buchanan et, je pense, BB King. Ça fait longtemps et je ne me rappelle pas grand-chose au sujet de Danny. Je pense qu’il nous est arrivé par Capricorn.
Est-ce Dan Tuberville qui a décidé d’ajouter quelques cuivres ?
Oui !
Qu’avez-vous pensé de cette idée ?
On l’a détestée ! Ça a été fait pendant qu’on était en vacances et on ne nous a jamais rien demandé. On marchait juste vers le studio, on s’est retourné et boum ! « On est les Memphis Horns ! ». Maintenant, trente-trois ans après, ils (les cuivres) sont devenus parties intégrante de l’album. Les gens les ont entendus depuis si longtemps maintenant, qu’ils s’attendent à les entendre. Ils ne me dérangent plus vraiment pour la même raison. En fait, je parie que certaines personnes qui ont le premier album et qui ne nous ont jamais vus en live vont écouter le nouvel album live et seront déçus parce qu’il n’y a pas de cuivres sur "Glitter Queen" (NDLR : pas possible, il a lu la chronique dans le dernier BOD !). À vrai dire, avant le concert au Jake’s, j’ai suggéré à Steve que pour ce morceau nous ayons un claviériste qui joue ces parties sur "Glitter Queen". Il a juste eu un petit rire nerveux et n’a pas réellement répondu bien que, secrètement, je suis certain qu’il pensait que j’avais perdu la boule !
Quelles étaient vos relations avec le label ? Étiez-vous libres de faire ce que vous vouliez ?
Ils ont continué à essayer de nous faire d’avantage sonner comme les autres groupes.
Hydra
La plupart des textes ont été écrits par vous et la musique créée par Spencer. Comment est-ce que vous travailliez pour créer les chansons ?
Il n’y avait pas de formule absolue. Parfois, je mettais de la musique sur des paroles de Steve, parfois je mettais des paroles de Steve sur de la musique à Spencer, parfois c’était une combinaison de tout ça. Spencer était très bon pour les idées de riffs et pour amener de superbes structures d’accords. Il était aussi super avec moi. Si j’avais une chanson avec des couplets et des refrains mais que j’avais besoin de quelque chose d’autre, il pouvait toujours amener une superbe partie au milieu ou à la fin. Un bon exemple de ça serait "Land Of Money" du second album. Bien qu’il l’ait fait si souvent, Spencer reste toujours plein de ressources musicales.
Pouvez-vous développer un peu plus cet exemple de "Land Of Money" ?
C’était ma chanson. J’avais la musique du couplet et du refrain et les paroles bien sûr. Quand on arrive au milieu, le tempo en arrive à ce riff de guitare mitraillette. Le solo de guitare et les principaux cris des choristes sont joués et hurlés sur ce riff. Ça, c’est de Spencer. J’avais juste besoin d’avoir quelque chose là et je séchais. Spencer est donc venu avec cette partie qui a complété le tout. Le solo à la fin, aussi, là où il y a toute cette délicieuse partie de guitare au dessus de la structure des accords. C’est un bon exemple du jeu de guitare mélodique dont je parlais plus tôt. Il joue juste des trucs qu’aucun autre guitariste ne penserait à jouer. La plupart des guitaristes jouerait ici un solo avec une simple note plaintive, qui ne serait pas ce dont le morceau a besoin. La mélodie lui vient naturellement et on peut entendre sur certains de ses solos comment il intègre quelques petits trucs basés sur les accords, en utilisant des bends.
Pourquoi avez-vous fait deux reprises ? "Going Down" de Don Nix est bien connu mais je ne connais pas "Feel A Pain" composé par Will Boulware, qui jouait de l’orgue sur le second LP, où il est aussi crédité pour un autre morceau. Était-il un de vos amis ? Comment avez-vous choisi ces deux titres ?
J’étais un grand fan de Freddie King et on l’avait joué de temps à autres. C’était un titre qui nous était bien associé et, par conséquent, c’était naturel pour l’album. Oui, Bill était de nos amis et nous aimions la chanson. De nouveau, c’était bien adapté au disque de par nos concerts.
En fait, le matériel n’a pas été écrit pendant les sessions d’enregistrement mais était joué avant, sur la route ?
Oui, on avait joué ce répertoire sur la route. Il n’y avait pas un énorme budget pour ce premier album et on n’avait donc pas le temps d’écrire en studio. Les morceaux, toutefois, ont pas mal été modifiés. Certains ont été réarrangés et n’oublions pas ces cuivres ! Les Allman étaient alors les seuls qui pouvaient se permettre d’écrire en studio.
Le disque s’est-il bien vendu ?
Il n’a pas marché super même si, aujourd’hui, je ne sais pas combien il s’en est vendu.
Land Of Money
"Land Of Money" fut votre second album, en 1975. Quels ont été les événements majeurs de la vie d’Hydra entre les deux disques ?
Entre les deux disques, c’était juste de faire des shows et d’écrire d’avantages de morceaux. C’était avant que MTV et les vidéos puissent aider vos disques à décoller.
Johnny Sandlin a produit votre second LP. Pourquoi avez-vous changé le producteur ?
Nous n’étions pas content du mixage du premier album par Dan. Sandlin, qui faisait partie de l’équipe de producteurs de Capricorn, est donc intervenu dans le mixage de ce premier disque. Quand le temps est venu du second album, une amitié existait déjà avec Johnny. C’est un type sympa.
Pouvez-vous nous dire comment vous avez enregistré cet album ?
Une bonne partie s’est fait le jour parce que les Allman Brothers enregistraient la nuit et que Johnny Sandlin travaillait aussi avec eux. Certains vocaux ont été enregistrés dans les premières heures de la journée.
Échangiez-vous un peu avec les Allman ?
Pas trop. Un salut de temps en temps quand on passait dans l’entrée, des trucs dans ce genre. La première fois qu’on a vu les Allman Bros., c’était à Piedmont Park (à Atlanta) en 1969. Ils avaient l’habitude de faire des concerts gratuits pour tous les hippies et on en a fait un avec les Allman. On était alors toujours Osmosis. On a bien sûr fait plusieurs shows ensemble plus tard. Je me souviens d’un concert à Tuscaloosa, Alabama. On était allé à une partie à laquelle quelqu’un nous avait invité dans le coin. La plupart des Allman étaient là. Je me souviens que Dickey jouait au poker et buvait du whisky tout le temps. Il restait très distant. Les autres gars étaient cependant agréables. Je me souviens avoir passé un bon moment. Il faut se rappeler qu’à cette époque, se saouler tout le temps était normal dans la vie. Il est donc dur de se souvenir de tout et il était difficile de décrypter avec justesse la personnalité de quelqu’un.
Que pensiez-vous d’eux et inversement ?
C’était un grand groupe en live. Duane Allman et Berry Oakley étaient toujours vivants. Ce qu’ils sont devenus et ce que nous sommes devenus a été en fait très différent. J’ai vu Duane et Spencer jammer une fois dans un club à Atlanta. Je crois que Dickie et Will Boulware étaient aussi dans le coup.
Dans les notes de jaquette de votre nouveau CD, je lis que "Land Of Money" était un enregistrement plus représentatif. Pourquoi ?
Je n’ai jamais été heureux des vocaux d’origine. Je pense juste que c’est une meilleure version (NDLR : il parle de la version sur le nouveau CD). C’est juste une chose personnelle pour moi en tant que chanteur. Je n’ai jamais aimé les vocaux de la chanson "Land Of Money" sur l’album "Land Of Money". La partie musique était merveilleuse. Je pense que la plupart des chanteurs sont rarement satisfaits de leur travail. Vous pensez toujours que vous auriez pu mieux faire. La version sur le nouvel album live est tout simplement excellente ! Musicalement et vocalement. En plus, c’est live trente ans après et je chante mieux la chanson maintenant que je ne le faisais en 1975.
En fait, ma question d’origine concernait le LP "Land Of Money". Il est indiqué dans les notes de jaquette que "Land Of Money" était un enregistrement plus représentatif. Et je me demandais pourquoi vous aviez ce jugement ?
Le groupe n’a jamais dit ça. C’est en fait Big Ed Brime. Il a été et il est notre ami, notre roadie, notre sonorisateur et comme je l’ai dit précédemment, il est fortement impliqué dans ce nouveau projet. C’est lui qui a écrit les notes de pochette du nouvel album. Je pense que c’est son opinion. Je pense que le second album s’est assez éloigné du premier par plusieurs aspects. Personnellement, je pense que le premier LP était plus audacieux. Ça vient uniquement du fait que nous avions, musicalement, un peu plus de liberté. Pourtant, "Land Of Money" est devenu plus populaire. Bien sûr, lorsque "Rock The World" est sorti, tout le monde a dit que ce n’était pas aussi bon que "Land Of Money" ! Maintenant, ces mêmes personnes disent que "Rock The World" est incontestablement le meilleur !! Voici qui le confirme définitivement : après en avoir discuté avec Steve et Spencer et y avoir réfléchi personnellement, nous les trois qui avons joué sur les trois albums, "Rock The World" est notre favori. (Bien entendu en excluant le nouvel album live ; en ne parlant que de nos précédents enregistrements studios).
Hydra
Comment se sont déroulées les sessions d’enregistrement ? Furent-elles plus satisfaisantes ?
Oui, un peu plus confortables. Mais guère plus. Le fait que Johnny Sandlin soit venu de nouveau travailler avec nous a été source de confort. Par ailleurs, je ne pense pas que nous ayons mentionné l’ingénieur Sam Whiteside. Sam était un type merveilleux. Il était toujours d’une humeur égale. Je l’ai vu plus d’une fois sous pression, ça n’impliquait pas vraiment Hydra, et il n’a jamais hésité. Il a rendu ces sessions plus faciles (au moins pour moi). Certains de vos lecteurs ou de vos auditeurs peuvent se souvenir de Sam sur la pochette de l’album " The Hampton Grease Band " de 1973 sur Columbia records. (NDLR : On peut le voir aussi avec Johnny Sandlin sur le "Highway Call" de Dickey Betts.) C’était un double album qui n’a pas été écouté à l’époque (c’était le premier album) et pendant un temps il a reçu la distinction de la plus mauvaise vente de CBS. Bien entendu, c’est devenu une pièce de collection. Un superbe album ! On partageait le même manager et le même tourneur. Bruce Hampton et ces gars marchent toujours fort. Bruce et Spencer étaient des copains de lycée. Je pense qu’on aurait fait mieux avec quelqu’un d’autre que Capricorn. Je ne peux pas et je ne voudrais pas parler pour les autres gars, mais je pense qu’ils seraient d’accord. On aurait dû signer avec Al Kooper en 1973. Al était un musicien et comprenait ce qu’on faisait. Il est venu nous voir plusieurs fois au début des années soixante-dix, il est même venu jouer avec nous en quelques occasions. En d’autres mots, il avait joué de la musique avec nous, on parlait, on buvait et on avait des relations de musiciens. Al Kooper aurait dû produire notre premier disque.
Il y a peu, j’ai interviewé Bryan Cole au sujet d’Al Kooper, qui produisit le premier album de Mose Jones. Il pense qu’Al n’a pas fait toujours les bons choix ("Certaines des parties étaient bonnes mais d’autres (mellotrons, chœurs) sont des choses qui ont fait que le disque sonnait mollement et plus pop que nous ne le voulions. "). En fait, un peu le même problème que le votre, non ?
Un peu, je suppose. Selon que vous écoutiez Mose Jones ou que vous écoutiez Hydra, vous trouverez un animal très différent. Ces types étaient alors nos amis. Je me souviens quand ils s’appelaient Stonehenge. Il faut aussi se souvenir qu’Al Kooper a produit le premier album de Skynyrd et, comme ils disent, le reste est de l’Histoire. Je pense qu’il s’est peut-être planté pour Mose Jones mais je pense qu’il aurait été bon pour Hydra. Il faut aussi ne pas oublier que nous avions reçu la première offre de Sounds Of The South, le label d’Al.
Les pochettes de vos deux disques Capricorn sont très originales. Comment ont-elles été choisies ?
Elles ont été faites pas Hipgnosis qui avait fait des pochettes pour Pink Floyd, Bad Co et bien d’autres. On aimait juste leur travail. Nous avons été le premier groupe américain à leur demander une pochette.
Hydra
Au sujet des concerts, comment était votre vie ? Toujours sur la route ?
Oui, on travaillait très dur dans ce groupe. Pas toujours sur la route mais on faisait ce qu’on devait.
Combien de concerts chaque année ?
Ça variait mais plus nous devenions connus, plus on avait de concerts. La plupart du temps, on sautait dans tous les coins du pays. Comme le dit le vieil adage, notre tourneur nous programmait comme s’il tirait des flèches sur une carte. De Buffalo, NY, à Seattle, Washington, serait un bon exemple.
Jouiez-vous seulement en Georgie, ou partout dans le Sud, partout aux Etats-Unis ?
On jouait partout dans le pays.
Avez-vous joué en dehors des Etats-Unis ?
Non, on n’a jamais fait ça.
Jouiez-vous principalement dans les bars, les clubs ?
On faisait les deux. Au début des seventies, il y avait pas mal de clubs importants qui en fait étaient des lieux de concerts. Ils étaient probablement influencés par les Fillmore East et West de Bill Graham. On a joué dans certains d’entre eux et comme notre réputation commençait à grandir, on a commencé à faire des shows plus importants. Le plus grand endroit couvert dont je me souvienne, c’était un concert qu’on a fait avec Kiss. C’était à Springfiel, Mass., il me semble. Je peux me tromper d’endroit mais c’était un stade de hockey qui pouvait contenir 22 000 personnes et c’était "sold out". Ce dont je me souviens le plus, c’était de regarder le public depuis la scène et de voir tous ces gens avec, peint sur le visage, une petite face de chat. C’était super ! Je pense qu’il y avait cette nuit là environ un pied de neige sur le sol.
Quels furent vos plus important concerts ?
On en a fait quelques-uns mais je pense que le show qu’on a fait avec Skynyrd à Atlanta (notre ville natale), en 1975, tient la rampe. C’était au Omni, qui peut contenir 15 000 personnes et c’était complet. C’était vraiment le premier grand show qu’on ait donné en face de nos fans locaux. On a fait deux rappels et tout le monde avait allumé des allumettes ou des briquets et il y avait donc un feeling merveilleux. Il était évident qu’ils étaient fiers de leurs gars ("home town boys"). On a fait aussi un important festival à la ferme de Chuck Berry. Je me souviens principalement de celui-ci parce que nous n’avons jamais été payés. Ce vieux Chuck a entourloupé un paquet de groupes ce jour là.
Quels ont été vos meilleurs souvenirs sur la route ?
Les femmes !!! Être jeune et voyager avec un groupe de rock dans les seventies. La chose qui s’en rapproche le plus serait de voyager avec un cirque.
Étiez-vous en relation avec les autres groupes de l’écurie Capricorn records : les Allman Bros., Marshall Tucker Band, Stillwater, Two Guns, etc. ?
Au fond, juste des relations de travail. On est devenu d’assez bons amis avec Wet Willie. Ça ne cadrait pas trop entre nous.
Partagiez-vous la scène avec d’autres groupes de rock sudiste comme Lynyrd Skynyrd, Moses Jones, etc. ? De nombreuses fois.
Que s’est-il passé après "Land of Money" ? Orville Davis, le bassiste, quitta le groupe, vous êtes passés chez Polydor records et vous avez changé de management… Pourquoi ?
Rock The World
C’était juste le moment de changer.
Qu’est devenu Orville Davis après Hydra ?
Il a bien réussi comme chanteur country à Ney York City.
Hydra a continué en tant que trio. Vous n’avez pas cherché un autre bassiste ?
Non, le job m’est revenu.
Comment avez-vous signé avec Polydor ?
Grâce à Joel Katz (notre juriste) et à Michael Stewart, le producteur.
C’était juste pour un seul enregistrement ?
On a splitté avant d’avoir la chance d’en faire un autre. Je ne me rappelle pas des termes.
Comment furent les sessions d’enregistrement de "Rock The World" (novembre 1976) ?
On a pris du bon temps sur cet enregistrement. On avait plus de contrôle et plus d’expérience.
Hydra s’est séparé à la fin de 1977. Qu’est ce qui est arrivé ?
C’est le temps qui passe et qui fait des victimes. Il y avait aussi des problèmes de management.
Hydra, Concert Halloween en 1972
Les albums Capricorn sont ressortis en CD, pas "Rock The World" ?
Un jour j’espère.
Aimez-vous vos disques ?
En grande partie.
Avez-vous une préférence ?
J’aime "Rock The World" et, bien entendu, le nouveau.
Quelle fut l’histoire des membres Hydra après la fin du groupe ?
Nous avons tous continué à jouer. J’ai eu le Wayne Bruce Band pendant vingt trois ans. Steve a joué avec moi pas mal de temps. Il a aussi joué avec Whitford St. Holmes et Krokus. Spencer a joué avec pas mal de gens. On le demande toujours.
Quel type de musique jouait le Wayne Bruce Band ?
Je suis revenu à mes racines pendant quelque temps ai j’ai fait pas mal de musique country. Ce truc de "The Urban Cowboy " a cartonné vers 1980 et c’est ce que les gens voulaient dans les clubs. Les bars country fleurissaient partout. On a toujours joué aussi du rock. Ensuite, le Wayne Bruce Band a fait pas mal de blues, de soul, de rhythm and blues, qui sont proches de mon cœur. En fait, je suis juste un chanteur de rhythm and blues qui a fini dans un groupe de rock.
Est-ce que le Wayne Bruce Band a enregistré ?
J’ai pas mal de bons trucs en live mais on n’a jamais enregistré pour une sortie commerciale. J’avais le plaisir de ne pas avoir à voyager. Pendant treize ans, on a été le "house band" d’un endroit.
Dans les notes de jaquette, on peut lire qu’en 1977 Hydra a joué deux soirs par semaine pendant douze semaines. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet évènement ?
Je l’ai juste fait pendant quatre ou cinq semaines parce que je jouais quatre soirs avec mon groupe. Ça faisait trop à la fin. Ça c’est fait quand on nous dit qu’Orville avait décédé. On a découvert par la suite que ce n’était pas vrai. Dieu merci !
L’avez-vous rencontré de nouveau ?
Oh oui, un jour, j’ai reçu un appel de sa part, vous parlez d’une surprise ! C’était comme une voix qui sortait du tombeau. Plus tard, j’ai entendu une rumeur comme quoi j’avais été tué à Los Angeles, Californie, en 1980. Apparemment, j’avais été battu à mort avec des chaînes dans un parking. Aïe !
Lors de cet événement, lorsque vous n’étiez pas avec Hydra, quelle était la composition du groupe ? Qui chantait ?
Après que je sois parti, Spencer et Steve ont décidé qu’il n’était pas normal d’appeler ça Hydra et ils ont donc utilisé un autre nom. À ce moment, le guitariste Jody Worrell a été rajouté et le bassiste Tommy Vickery a chanté la plupart des titres. Avant de partir, je lui avais donné les feuilles avec mes paroles.
After All Thes Years
Et maintenant en 2005, un nouveau disque. Quand a débuté cette nouvelle réunion d’Hydra ?
Spencer a été le principal responsable de ça. On a fait l’Atlanta International Guitar Show en mai et ça a été enregistré. J’ai suggéré de faire un autre show et de prendre le meilleur des deux concerts. C’est ce qu’on a fait. Steve Hawkins et Charlotte Hannon à Emphasis records on fait du super boulot. Ça pétille pas mal.
Pourquoi avez-vous décidé d’enregistrer cet album live ?
En fait, le seul qui savait que le premier concert avait été enregistré était Spencer. Ça sonnait bien, alors on y est allé. Le second show, c’était au Jake’s Toad House à Atlanta, en juillet 2005.
Êtes-vous satisfaits du résultat artistique ?
Oui, pour un groupe qui s’est dissout il y a presque trente ans, j’aimerais dire que ça prouve qu’on sait toujours rocker. Et pour les gens qui n’ont jamais entendu le groupe en live, ça devrait combler un vide.
Vous jouez vos anciens morceaux mais, aussi, deux reprises de Peter Green. Pourquoi ?
Toutes les deux, se sont des morceaux qu’on jouait à l’époque où on faisait les clubs. On a décidé de les faire parce que certains vieux fans voulaient les entendre de nouveau. De plus, Spencer et moi sommes depuis longtemps de grands fans de Peter Green. En plus, "Rattlesnake Shake" est bien adapté pour le solo de batterie de Steve. C’est la première fois que son solo est enregistré alors qu’il a toujours été populaire lors de nos shows.
Est-ce que Hydra a toujours de nombreux fans aujourd’hui ?
Bien plus que j’aurais pensé. L’affluence lors de nos derniers concerts et le trafic sur notre site web ont été excellents.
Est-ce que Hydra joue maintenant souvent ?
Non. Il n’avait jamais été envisagé que ce soit comme dans le temps. On a tous d’autres engagements. Aussi, il n’y a rien de neuf là dedans si vous voulez comparer avec notre passé. Cependant, on va faire un peu plus de choses. Simplement, maintenant, on les choisies soigneusement.
Hydra
Comment sont les ventes du disque ?
Ça a été ok. Nous pensons qu’une fois que ça sera diffusé internationalement, ça va le faire.
Est-il vrai que vous prévoyez d’enregistrer un nouveau disque ?
Oui, nous avons discuté d’un nouvel album studio. Actuellement, on en est juste à l’étape d’en parler. Actuellement, nous sommes concentrés sur le CD live et, bien sûr, nous avons d’autres projets.
Quel va être le futur d’Hydra ?
Je crains que cela soit difficile de répondre. XM-Radio (Deep Tracks) et Earle Baily nous ont passés pas mal à la radio. Ils nous ont invités à Washington DC pour enregistrer une émission et ils nous ont interviewés. C’est le sujet du moment. Il n’est pas si facile de repartir sur la route de nos jours.
Quand viendrez-vous jouer en Europe ?
Je ne sais pas mais c’est quelque chose qu’on aimerait tous. On a loupé ça la première fois.
Ces derniers mois, plusieurs vieux groupes de rock sudiste se sont reformés. Y a-t-il un nouvel intérêt pour ce genre musical ?
Je pense que la musique est actuellement dans un état correct, les gens ont envie de choses plus vraies, plus fondamentales. Par conséquent, je pense que beaucoup de gens se tournent vers les vieux trucs. La radio a été d’une aide précieuse pour ça.
Hydra
Une dernière et traditionnelle question pour Bands Of Dixie : quels sont vos albums préférés de rock sudiste ?
Je n’ai pas vraiment de favoris. Le premier album des Allman Brothers est un bon disque. Ils ne sont pas sudistes mais j’aime vraiment Little Feat avec Lowell George.
Finalement, j’ai une autre question. Dans vos réponses, il me semble que vous n’êtes pas tellement intéressés par les autres groupes de rock sudiste. Est-ce que je me trompe ? Que pensez-vous de la musique de Lynyrd Skynyrd, Marshall Tucker Band, Atlanta Rhythm Section, Molly Hatchet ? Finalement, considérez-vous que Hydra jouait et joue du rock sudiste ?
Je ne suis pas ce que vous pourriez appeler un fan de rock sudiste. J’ai aimé certains de ces groupes et j’en ai détesté d’autres. J’ai aimé les premiers trucs des Allman. L’Atlanta Rhythm Section, ce sont de vieux amis à nous et ils ont fait de bons trucs. Marshall Tucker Band, simplement, ce n’est pas ma tasse de thé mais j’aimais assez Skynyrd. Molly Hatchet est venu un peu après nous et je ne les ai donc jamais vraiment écouté. Ne vous méprenez pas : ce sont tous de bons groupes. J’étais plus branché par Freddie, Albert et B.B. King, Eric Clapton, Jeff Beck et la musique soul. Ces groupes au sujet desquels vous m’interrogez étaient nos contemporains et je pense que nous étions trop occupés à travailler pour y faire assez attention. Tout comme je pense qu’ils ne faisaient pas trop attention à nous. Étant du Sud, je ne pense pas que les nouveaux groupes étaient pareils que dans le reste du monde. On était juste des types qui jouaient de la musique. Hydra est absolument un groupe sudiste. Simplement, on ne raisonne pas de cette façon.
Merci beaucoup.
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